La magie de Noël

C’est proche du solstice d’hiver que les chrétiens ont choisi le jour de Noël comme date de naissance du Jésus. L’échange de cadeaux tire son origine des présents offerts par les rois mages, à l’enfant Jésus. Depuis, le temps s’est écoulé et un tour bien nouveau s’est emparé de ce moment. Croyants ou non croyants continuent de perpétuer cette tradition de Noël, elle s’est même infiltrée jusqu’en Asie. Fêter Noël est alors devenu une tradition : tradition ou institution ?

Tout de même, la magie de Noël ! Ce retour à l’enfance dans l’ambiance des marchés où l’odeur des châtaignes grillées côtoie celle du vin chaud. Le froid qui pique et qui nous incite à allonger le pas pour rentrer au plus vite. La course dans les magasins, – masqué, comme il se doit– où la publicité exerce son action insidieusement mais sûrement. La frénésie des cadeaux : les jouets qui viennent de l’autre côté de la planète, le luxe qui cohabite avec le plastique. N’y aurait-il pas là une petite injonction à consommer à date fixe ? A force de courir dans un déluge de guirlandes électriques, n’en n’oublions nous pas l’essentiel ? L’esprit de Noël suppose-t-il que plus les cadeaux seront nombreux, plus la table sera garnie, plus agréable sera la fête ? C’est peut-être l’opportunité de réfléchir au sens que l’on souhaite donner à sa propre consommation et faire le choix d’un Noël qui a du sens.

Cadeau utile ou futile, cadeau plaisir, cadeau ludique, cadeau surprise, cadeau symbolique, cadeau qui étouffe, que l’on offre pour des occasions particulières : anniversaire, mariage, Noël… Offrir pour le plaisir de faire plaisir. Pour ma part, je préfère le terme de présent qui donne une portée moins matérielle. Un cadeau immatériel peut être : « je suis là pour toi » et ainsi nous pouvons offrir notre présence, notre savoir ou notre savoir faire.

Offrir, c’est anticiper ce que l’autre aimerait ou ce dont il aurait besoin. Donner est un acte qui nous apprend le lâcher-prise. Offrir un présent à un enfant, c’est donner pour le plaisir de donner et la joie de recevoir son émerveillement en retour. Donner sans rien attendre en retour, est une façon de faire diminuer notre égoïsme, d’apprendre le détachement. C’est une attitude du cœur, un dévoilement.

Recevoir une étrenne est une façon de dire oui à ce qui là, que ce soit attendu, voire listé, ou inattendu. Accueillir est d’abord une attitude : celle d’être présent à ce qui arrive. Accueillir c’est ouvrir notre espace intérieur, être réceptif à ce qui émerge en nous puis sentir le mouvement de gratitude qui peut s’élever.

Au fond, est-ce que donner et recevoir n’appartiennent-ils pas au même mouvement, celui de s’ouvrir ?

Cette période est une aubaine pour apprendre à se connaître plus intimement, pour apporter un peu de lucidité à ce que l’on vit. Car ce double mouvement du donner et recevoir est aussi une occasion d’expérimenter nos limites, nos restrictions. Au moment d’acheter un cadeau n’avez-vous jamais eu le dialogue intérieur du : « Est-ce que mon cadeau sera à la hauteur des espérances ; Est-ce qu’il assez beau (gros…) ? Est-ce que je vais passer pour un radin, ou un cœur en or ?». Ou lorsque l’on reçoit : «  C’est trop, (ou pas assez) ; je ne le mérite pas ; je me sens redevable». Toutes ces phrases intérieures qui tournent, où l’on s’évalue, se critique. Alors halte aux jugements : faisons place à la simple présence lucide à ce qui est. Dans ce moment de conscience, on peut remarquer que l’on peut être plus à l’aise dans l’acte de donner ou dans celui de recevoir. A vous d’observer ! D’ailleurs, doit-il y avoir un équilibre entre donner et recevoir ?

Le don est aussi lié intiment à la motivation qui conduit à cet acte de générosité. Est-ce parce qu’il faut perpétuer la tradition ? Nous pouvons donner peu de chose et avoir une forte aspiration à ce que l’autre soit heureux, trouve du plaisir. Qu’en est-il si le cadeau est là pour paraître généreux ou satisfaire une réputation ?

Alors quittons le brouhaha de surface lié à ce moment, et ouvrons notre cœur d’enfant. Le solstice d’hiver n’est-il point propice à ce retournement, à l’écoute de ce qui se passe en soi ? Excellent moment qui nous permet l’ouverture aux autres, tous les autres y compris les animaux, la nature. Moment et mouvement enchanteurs qui nous donnent la puissance d’apprendre à s’aimer, à aimer. Découvrons vite la magie de Noël.

Namasté,

Annie